21.2.06

Ratko Mladic aurait été arrêté, Belgrade dément

LEMONDE.FR | 21.02.06 | 18h47 • Mis à jour le 21.02.06 | 21h13

Selon l'agence de presse serbe Tanjug, l'ancien chef de l'armée des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, la personne la plus recherchée par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avec Radovan Karadzic, a été arrêté mardi 21 février. Une information rapidement démentie par le gouvernement, puis par la procureure du TPIY.
Cet après-midi, l'agence Tanjug, qui relayait des informations de la chaîne de télévision des Serbes de Bosnie TV BN, a affirmé que le général serbe "était transporté" vers la base aérienne américaine de Tuzla, dans l'est de la Bosnie. Il devait ensuite être transféré par avion vers le TPIY à La Haye, aux Pays-Bas.
Aussitôt, le gouvernement a démenti l'annonce : "Cela est une manipulation qui porte préjudice à la Serbie et qui ne contribue pas aux efforts du gouvernement pour conclure la coopération avec le Tribunal pénal international de La Haye", a déclaré le porte-parole du premier ministre Vojislav Kostunica, Srdjan Djuric. Une porte-parole de la police serbe a également démenti.

"EMBALLEMENT MÉDIATIQUE"

"Nous démentons formellement une interpellation de (Ratko) Mladic", a déclaré mardi soir la porte-parole de la procureure du TPIY, Carla Del Ponte, qui "continue à presser le gouvernement de Serbie pour qu'il agisse en vertu des mandats internationaux et l'arrête"."A notre connaissance, il n'y a même pas d'opération en cours pour le rechercher", a précisé Florence Hartmann, évoquant "un emballement médiatique".
Toutefois, selon un responsable de la sécurité à Belgrade, Ratko Mladic "n'a pas encore été arrêté", mais il a bien été localisé et sa reddition serait en cours de négociation. La radio indépendante B-92, considérée comme très fiable, affirme que Mladic a bien été arrêté, selon plusieurs sources "non officielles". Dans la journée, un conseiller du premier ministre serbe a affirmé à l'antenne que le fugitif serait capturé prochainement et souligné que l'ensemble des forces de l'ordre était mobilisé pour le retrouver. "Cette question doit être réglée, et elle sera réglée dans une période la plus courte possible", a dit Vladeta Jankovic.

UN CONTEXTE PROPICE

La thèse d'une arrestation prochaine a été appuyée par l'agence Beta, qui elle aussi a annoncé "qu'une opération était en cours pour le localiser". Mardi, la presse se faisait l'écho de rumeurs selon lesquelles Mladic devrait être transféré à La Haye d'ici fin février, ce qui éviterait à la Serbie la suspension des négociations avec l'Union européenne, portant sur un accord d'association.
Les informations prédisant une arrestation imminente de Ratko Mladic ou soulignant les efforts des autorités pour le retrouver s'intensifient à chaque fois que la Serbie fait face à une date butoir fixée par les Européens. Ratko Mladic est toujours considéré comme un héros par les nationalistes serbes. Les autorités de Belgrade auraient du mal à faire accepter à l'opinion publique une arrestation apparaissant comme triomphale. Selon le ministre serbe des droits de l'homme, Rasim Ljajic, le moment est pourtant plus propice que jamais pour une extradition du général serbe : "Les derniers sondages montrent que 57 % des citoyens sont favorables à cette option. C'est le plus fort pourcentage jusqu'ici, bien plus élevé qu'en 2005, sans parler de 2004."
Le général Mladic, âgé de 62 ans, en fuite depuis son inculpation prononcée en 1995 par le TPIY, est recherché pour génocide et crimes contre l'humanité. Il est mis en cause dans le massacre de 8 000 Musulmans à Srebrenica en juillet 1995 et pour le siège de Sarajevo pendant la guerre (1992-1995).


Avec Reuters et AP

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