Après Oussama, revoilà Abou Moussab....

Étrangement discret depuis quelques temps, pendant lesquels les services de renseignements le pensaient morts, mais également avare en apparitions télévisuelles depuis toujours, Abou Moussab al-Zarqaoui est venu se rappeler à la mémoire des Irakiens, deux jours après qu'Oussama Ben Laden est fait de même.



Apparaissant pour la première fois dans une vidéo mise en ligne sur un site islamiste, l'émir d'Al-Qaida en Irak ne se départ pas du discours-maison, promettant le «pire à venir» à l'Amérique. Il lui promet d'être «vaincue et humiliée en Irak». Et reproche à George Bush de cacher la vérité à son peuple au sujet de son corps expéditionnaire miné par la drogue, l'usage abusif de calmants, les suicides... Une manière d'agiter le spectre du Vietnam. Mais, les raisons de sa prestation Internet sont à chercher ailleurs que dans un mimétisme avec un leader auquel il a trop allégeance pour qu'il puisse être un disciple, mais plutôt un imitateur. En se montrant ainsi sans camouflage, comme il y a deux ans, il coupe court à un certain nombre de rumeurs.
D'abord, il fait savoir qu'il est toujours vivant. A plusieurs reprises, il avait été donné pour mort, ou tout au moins gravement blessé. Sur cette vidéo, l'homme semble visiblement en pleine forme. Entièrement vêtu de noir, il pose en chef de guerre au milieu de ses combattants, une brochette de chargeurs sur la poitrine et le fusil d'assaut posé contre le mur. Jusqu'à présent, il n'avait délivré que des messages audio sur des sites Internet. Et la seule fois où il était apparu sur une vidéo, c'était... encagoulé. La CIA avait en effet affirmé avoir reconnu sa voix dans celle du bourreau de l'otage américain Eugene Armstrong, égorgé en 2004. Sinon, on ne connaissait de lui que quelques photos de son époque de loubard jordanien.
Le vrai message reste sans doute celui de la volonté de réaffirmer son rôle politique en Irak. Ces derniers mois, sa violence indiscriminée l'avait marginalisé au sein de la guérilla irakienne. Aussi tente-t-il par sa mise-en-scène djihadiste de reprendre la main et remobiliser les sunnites, au moment certaines factions négocient avec Washington. Et de se bombarder membre du «Conseil consultatif des moudjahidins», formé mi-janvier en Irak, chargé de proclamer le Califat. C'est aussi une façon de proclamer au monde sa solitude...