25.4.06

Heureusement qu’il y a Oussama…

La guerre contre le terrorisme de George W. Bush vous manquait ? Revoilà ce bon Oussama Bin Laden pour vous rappeler combien l’ennemi est partout et prêt à nous assaillir. Son retour sur les ondes d’Al Jazira, quatre mois après son ultime message, intervient après la mise sous embargo du gouvernement Hamas de Palestine et la tragi-comédie des caricatures de Muhammad. Elle se nourrit de ce fameux « choc des cultures » (merci à ce bon Dr Huntington), comme Philippe de Villiers et ses hantises d’islamisation de l’aéroport d’Orly (on pourra se reporter utilement au sérieux rapport sur le sujet d’Eric Denecé, http://www.cf2r.org/download/rapports_recherche/RR1-Islam.pdf). Toujours est-il que les sorties du « leader maximo » de la virtuelle Al Qaida font la Une des médias à point nommé.
Virtuelle ? Sur cette notion dans les relations internationales contemporaines, développée sur le site De Defensa depuis 2004 (cf. notamment Le virtualisme, la torture, GW, Rumsfeld : la folie du système de l’américanisme et la perversion de l’image de l’Amérique, http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=1095, et Seymour Hersh, “turbo-virtualisme” et contre-virtualisme, http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=2589), il y aurait beaucoup à dire. Renseignement & géopolitique s’en était déjà ouvert dans le passé à propos d’Al Qaida (cf. notre post du 9 septembre 2004, http://renseignement.blogspot.com/2004_09_01_renseignement_archive.html), démontrant l’inanité de la croyance en cette menace tentaculaire contre les sociétés occidentales. Et ce retour de Ben Laden quelques semaines après les résultats des commissions d’enquêtes espagnole et britannique sur les attentats du 11 mars 2004 (Ben Harding, « Vingt-neuf inculpations pour les attentats du 11-Mars à Madrid », Reuters, 11 avril 2006, 14:12, http://www.liberation.fr/page.php?Article=374186) et du 7 juillet 2005(http://fr.news.yahoo.com/08042006/5/pas-de-liens-entre-al-qa-da-et-les-attentats.html et http://observer.guardian.co.uk/uk_news/story/0,,1750139,00.html) est significative de cette construction standardisée de l’ennemi. On en avait déjà eu un avant-goût avec les déclarations alarmistes de Tony Blair, reprenant les recette de Georges W. Bush, fin mars, sur un possible attentat en Europe dans les prochains jours… Au risque de ne plus le présenter que comme un « mirage médiatique », assimilé par Alain Bauer et Xavier Raufer, dans L’énigme Al-Qaida (paris, Jean-Claude Lattès, 2005) à l’équivalent de la « Bulle Internet » dans les années 1990. Attention à son éclatement…
Que disaient ces rapports ? Que les attentats avaient été le fait d’une cellule locale indépendante d’islamistes ayant puisé leur inspiration, mais pas leurs instructions, auprès d’Al Qaïda, au travers de diverses publications Internet. Ils déniaient cette supposée « supériorité en matière de mobilité internationale » des terroristes islamistes, vantée encore dans Le Figaro du 24 avril 2006. Et de se mettre en avant « le caractère transnational de leur organisation », c’est-à-dire d’Al Qaida. Un caractère que les commissions d’enquête madrilène et londonienne n’ont pu que rejeter. C’est Internet qui tend à faire croire à cette transnationalité. Mais le terrorisme d’aujourd’hui se nourrit autant de l’anonymat de la société de consommation occidentale, aseptisée et desidéologisée, que de Coran. Un nihilisme les rapproche de cette « Internationale noire » anarchiste du début du XXe siècle plutôt que de l’« Internationale terroriste » des années 1970 et 1980, où les Palestiniens aidaient les Irlandais et les Fractions armées les Brigades…
Pourtant, il y a bien une menace ! Mais elle ne doit rien à Ben Laden ou à l’islamisme radical. Elle réside dans l’absence de cohérence des sociétés occidentales, ayant renoncés à tout ce qu’elles croyaient, rejeté leur contrat social en même temps que leur anticommunisme. Et ce n’est pas la récente crise française autour du CPE qui va nous démontrer le contraire…

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