DGSE : La fuite sur Ben Laden

Jean Guisnel

C'est la douzième fois depuis 2001 qu'une rumeur se propage sur la mort supposée d'Oussama ben Laden. Cette fois, c'est le quotidien régional L'Est républicain qui, le 23 septembre, a relancé les spéculations. L'information provenait d'un document officiel français, à savoir une note classée « confidentiel-défense » de la DGSE. Dans ce texte, elle indique que les services de renseignement saoudiens ont « acquis la conviction qu'Oussama ben Laden est mort » de la typhoïde le 23 août 2006, mais précise que l'information n'a pas été recoupée. La DGSE a néanmoins choisi de diffuser le renseignement en raison de la fiabilité de son informateur unique.

Dans la journée de samedi, Jacques Chirac, Vladimir Poutine et Angela Merkel, qui se trouvaient ensemble à Compiègne, ont indiqué ne disposer d'aucune information confirmant la note de la DGSE. Quant au ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, il déclarait : « A ma connaissance, Oussama ben Laden n'est pas mort, voilà ! » Time Magazine, de son côté, assurait dimanche sur son site Web que Ben Laden était vivant mais souffrait d'une grave dysenterie.

De source proche de la DGSE, on souligne qu'il est parfaitement normal qu'une telle information soit diffusée à l'état brut aux mi-nistères et à l'Elysée. En revanche, la fuite immédia-te du document a créé un certain émoi à la Piscine, où l'on redoute que les notes confidentielles ne se retrouvent désormais régulièrement dans la presse. La note a été reproduite en fac-similé par le quotidien deux jours seulement après sa diffusion aux destinataires habituels des productions de routine du service (Elysée, Matignon, Affaires étrangères, Défense et Intérieur). La DGSE émet chaque jour plusieurs dizaines de notes de ce type. Il ne fait aucun doute aux yeux du ministère de la Défense, qui exerce la tutelle administrative de la DGSE, que le document a été rendu public dans le but unique de nuire à la DGSE. A la demande de Jacques Chirac, une enquête interne a été ordonnée

© le point 28/09/06 - N°1776 - Page 76 - 324 mots