5.9.06

Et voilà que l'on reparle de la Turquie...

La Turquie envoie des troupes au Liban, dans le cadre de la Finul, et voilà que les analystes se remettent à penser que cette action facilitera l'entrée de ce pays dans l'Union européenne. Le rapport entre les deux choses n'est pas évident à saisir. Le Qatar pense à faire de même, et à ce jour personne n'a soutenu l'intégration de cet émirat. Mais la Turquie, nous dit-on, est un pont entre l'Orient et l'Occident. Argument galvaudée admet-on, mais dont la réalité serait renforcée par la situation actuelle. L'argument architectural vaut ce qu'il vaut, mais il fut bien dire qu'en termes de travaux public, c'est à mi-chemin que les investissements nationaux se font : si le pont est frontalier, et l'Helespont l'est depuis deux mille ans, il n'y a pas lieu de l'intégrer en entier, mais de s'arrêter au thalweg du Bosphore. Argutie pour argutie, si les Romains avaient jugé utile de créer un empire en Orient, avec une capitale séparée de la cité universelle, et cela bien avant la crise du IIIè siècle ap. J.-C. et l'épisode tétrarchique, il n'y a aucune raison de se montrer plus romain en intégrant à tout va. A moins de vouloir rejouer l'épisode des Vandales jusqu'en Ifryqia...
Un autre argument revient dans les médias pour justifier l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne : celui du grand pays musulman. L'Europe en compte déjà, que ce soit la Grande-Bretagne et son Londonistan, l'Allemagne et la première communauté turque à l'ouest du Bosphore. L'épisode danois des caricatures, en mars dernier, devrait plutôt nous inciter à revoir la notion d'islam européen. Non qu'il faille se serbiser et chercher à éradiquer toute présence musulmane en Europe. De toute façon, l'islam participe au fait religieux européen. Il n'est pas d'importation récente, mais remonte au moins au IXè siècle. Certes, l'Espagne de la Très Catholique Isabelle a tenté de l'éradiquer dans sa partie sud, mais la Bosnie et l'Albanie, pour ne citer que ces deux nations centre-européennes, témoignent de l'existence d'un islam européen. Ce qu'il convient de revoir est l'amalgame fait entre intégration et islam, dont découlent également ces amalgames nés avec la "guerre contre le terrorisme".
Une fois de plus, même si cela procède plutôt d'un certain pessimisme, "l'ennemi est en nous", comme disait le poète, et non "chez nous", comme disait un borgne français...

Aucun commentaire: