4.9.06

Londres : quelle signature d'Al Qaïda ?

Commentateurs et analystes ont tendances à se laisser aller à une certaine paresse intellectuelle depuis le 11 Septembre. Dorénavant, quelle que soit la menace, elle émane forcément d'Al Qaïda. Or, aussi séduisante que soit cette théorie, elle risque de s'avérer comme fausse lorsque le "fog" de la "guerre contre le terrorisme" aura été dissipée. Les attentats supposés de Londres doivent être analysés à la lumière des précédents de Londres et Madrid, et nous irons même jusqu'à dire Casablanca. Tous ont en commun de ne pas être signé Al Qaïda, mais de cellules auto-formées autour de mots d'ordre contestataires. Nous sommes bien dans le terrorisme pancommuniste européen tel qu'il se présentait dans les années 1970-1980. Que leurs auteurs soient musulmans n'enlèvent rien au fait qu'ils soient nés dans les pays où ils ont commis leurs méfaits.
Un reportage britannique d'Alicky Sussman, diffusé par Arte mardi dernier, était d'un enseignement des plus utiles. Consacrée à "L'attentat de Londres", il présentait "une investigation psychologique". Le 7 juillet 2005, quatre kamikazes se sont fait sauter dans les transports publics londoniens, tuant cinquante-deux personnes. Qu'est-ce qui a poussé ces hommes, intégrés à la société anglaise, à devenir des terroristes ? Shehzad Tnaweer, Mohammed Sidique Khan, Hasib Hussain et Lindsay Germaine font partie de la deuxième génération de musulmans installés en Europe. Le 7 juillet 2005, à Londres, les quatre jeunes hommes ont fait exploser les bombes qu'ils portaient sur eux dans le bus et dans le métro. Bilan : cinquante-deux morts. Les auteurs de ces attentats-suicides ont grandi en Grande-Bretagne. Ils vivaient intégrés à la société, mais considéraient ce mode de vie comme quelque chose de négatif. Dans son documentaire, Alicky Sussman s'interroge sur ce qui a pu les pousser à commettre des attentats. Elle reconstitue leurs dernières heures, sur les lieux des crimes, avec l'aide du psychologue Andrew Silke. Elle fait parler leurs proches ainsi que des experts. Certains tentent d'expliquer les actes des kamikazes en se fondant sur les résultats des expériences scientifiques menées au cours des quarante dernières années sur le stress et la pression du groupe. Pour certains, la volonté de commettre un attentat-suicide existe bien avant que l'intéressé n'entende les prêches haineux de certains imams ou ne prenne contact avec une organisation terroriste. Le passage à l'acte résulte d'une radicalisation au sein de petits groupes isolés. Pour l'anthropologue Scott Atran, les attentats de Londres n'ont aucun motif religieux.

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