9.9.06

L'état-major israélien critique la levée du blocus du Liban

Patrick Saint-Paul .
Publié le 08 septembre 2006
Actualisé le 08 septembre 2006 : 16h20

L'embargo aérien imposé au Liban a cessé hier.

FACE À LA LEVÉE de bouclier provoquée par la fin annoncée du blocus aérien et maritime imposé au Liban, Israël a, hier, affirmé se réserver le droit d'attaquer d'éventuels convois transportant des armes destinées au Hezbollah par la frontière libano-syrienne. L'état-major israélien et les familles des deux soldats de Tsahal enlevés par le Hezbollah s'étaient auparavant opposés à la levée de l'embargo, jugeant que l'État hébreu perdrait son dernier moyen de pression pour obtenir leur libération. «Nous entamons aujourd'hui un processus graduel», devant aboutir à une levée de l'embargo dans un délai de quarante-huit heures, a déclaré, hier, Miri Eisin, la porte-parole du premier ministre Ehoud Olmert. «Israël maintient son droit à l'autodéfense et veillera à l'application de l'embargo à la frontière syro-libanaise», a-t-elle précisé. Soumis à d'intenses pressions internationales, Israël avait accepté, à contre-coeur, mercredi, de lever le blocus qu'il impose au Liban depuis le 13 juillet. Mais seulement après que la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, et le patron de l'ONU, Kofi Annan, eurent annoncé à Ehoud Olmert que «la force multinationale était prête à exercer un contrôle des ports et aéroports du Liban». Israël a reçu l'assurance que la Finul renforcée contrôlerait les accès maritimes et aériens libanais afin d'empêcher des livraisons d'armes au Hezbollah.
Selon les médias israéliens, le premier ministre israélien a pris cette décision contre l'avis de l'état-major, pour qui le blocus était un moyen de faire pression sur le gouvernement libanais et la communauté internationale, afin d'obtenir la libération de ses soldats. Tsahal juge que le blocus est le seul moyen de faire respecter l'embargo sur les importations d'armes imposé au Hezbollah et d'obtenir à terme le désarmement de la milice chiite. L'état-major a recommandé que l'aviation israélienne et les drones puissent poursuivre leurs vols dans l'espace aérien libanais, pour surveiller les mouvements le long de la frontière.

Exaspération

Les familles des deux soldats, dont l'enlèvement, le 12 juillet, avait provoqué la campagne meurtrière de Tsahal au Liban, ont immédiatement réclamé un entretien avec Olmert pour lui faire part de leur colère. «Nous perdons un important moyen de pression sur le gouvernement et les Libanais eux-mêmes, a déclaré Benny Regev, le frère du soldat Eldad Regev. Les deux soldats enlevés se trouvent, à notre connaissance, au Liban. Demain, le blocus levé, ils pourront se retrouver à Téhéran et connaître ainsi le sort de Ron Arad.» Ron Arad, dont l'avion avait été abattu au-dessus du Liban sud en 1986, avait été capturé par des militants chiites libanais du mouvement pro-syrien Amal, avant que sa trace ne soit perdue, probablement en Iran, selon les médias israéliens.
L'exaspération des familles, qui ont rassemblé autour des deux soldats kidnappés une immense vague de sympathie en Israël, porte un nouveau coup à la crédibilité d'Olmert, dont la cote de popularité s'est effondrée en raison de sa conduite de la guerre au Liban. L'embarras du gouvernement est d'autant plus fort que la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, avait affirmé, pas plus tard que mardi, que la levée du blocus n'aurait lieu «qu'une fois les deux militaires libérés».

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