23.2.07

Mieux que Hollywood

A l’heure où l’on s’interroge sur la politique énergétique européenne et sur le degré de sa dépendance énergétique, voilà un rapport qui aurait mieux faire de rester « confidentiel » pour EDF ; établi en août 2006 par la division production et ingénierie hydraulique (DPIH) d’EDF, il a été révélé jeudi 22 février 2007 par le magazine Capital. Risque de « rupture » en Dordogne, d’« effondrement » sur un village en Savoie, de fuites dans le Massif central, de fissures et de déformations dans les Pyrénées : près de la moitié des 450 barrages hydrauliques français souffre de vétusté, une centaine étant même jugés dangereux pour leur environnement immédiat, notamment des risques d’affaissement de terrain, de destructions de routes et d’inondations de villages comme conséquences éventuelles.
Le rapport répertorie notamment un « risque d’instabilité du mur » pour le barrage de Noyer-Chut (Isère), une « fissuration voûte » et des « fuites membranes » à La Girotte (Savoie) et un « état de dégradation avancée » au Verney (Isère). Parmi les barrages les plus dangereux de France figurent celui de Mauzac (Dordogne), où le rapport note un « risque de rupture », celui de Viclaire (Savoie) avec un « risque d’effondrement de la galerie sur un village » et le barrage de Fond-de-France (Isère), où sont apparues des « fuites dans la digue avec une zone très habitée à l’aval ».
Selon Capital, EDF a prévu un programme de réhabilitation, baptisé « Super Hydrau », consacrant entre 500 et 550 millions d’euros sur cinq ans à la rénovation de 200 installations. La rénovation du seul barrage de Tuilières (Dordogne), dont les vannes rouillées sont tombées le 29 janvier 2006 dans le fleuve libérant 5 millions de mètres cubes d’eau, nécessitera jusqu’à 80 millions d’euros d’investissements, soit près de 20 % du budget du plan « Super Hydrau ».
Toutefois, le groupe a confirmé avoir engagé sur plusieurs années un important programme de 500 millions d’euros sur la période 2007-2011 pour la maintenance de ses barrages hydrauliques. « L’ensemble des risques techniques détectés sur les ouvrages hydrauliques a été mesuré », précise EDF, ajoutant que les investissements prévus répondaient « à tous les besoins de maintenance ». « Les ouvrages hydrauliques sont conçus pour une durée de vie qui dépasse le siècle », a indiqué une porte-parole du groupe. « L’âge moyen des centrales hydroélectriques d’EDF n’est que de 50 ans et elles affichent des niveaux satisfaisants de performance et de sûreté », a-t-elle assuré.
Interrogé jeudi matin sur Europe 1 sur l’utilisation des profits records d’EDF (5,6 milliards d’euros en 2006, soit +73,5 %), son PDG, Pierre Gadonneix, a affirmé qu’il allait « relancer l’investissement et de façon massive », avec pour objectif de « doubler le rythme d’investissement en France » en trois ans. « C’était nécessaire », a-t-il reconnu. « EDF a un formidable patrimoine de production (...) et nous n’avons pas investi depuis dix ans. Il est urgent de rénover, de moderniser et de développer ce patrimoine ». D’autant que le réseau électrique présente également, comme on l’a vu en décembre dernier, des fragilités pour la sécurité nationale…
Quand est-il dans le reste de l’Europe ? Un scénario catastrophe commeles aime Hollywood est plus que réél... Il est à nos porte. Cela fait trois hivers que Poutine tente de nous le faire comprendre...

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