9.5.08

L'armement du Parti de Dieu au cœur de la crise

LE MONDE | 09.05.08 | 11h10 • Mis à jour le 09.05.08 | 11h10
BEYROUTH Correspondance de Mouna Naïm

La mini-guerre dont certaines parties du territoire libanais sont le théâtre depuis le mercredi 7 mai ne résoudra assurément pas le problème de fond de la crise politique libanaise : l'armement du Hezbollah. Ce conflit armé est consécutif à de récentes décisions gouvernementales dirigées contre le Parti de Dieu. Ces décisions ont surpris par leur soudaineté, y compris parmi les sympathisants de la majorité politique, mais la crise couvait depuis longtemps.

L'armement du Hezbollah et l'autonomie qu'il s'est arrogée au nom de la résistance contre Israël posent en effet problème depuis plus de trois ans. Très précisément depuis que le gouvernement de Fouad Siniora s'est défini pour tâche de reconstruire l'Etat libanais, après la fin, en avril 2005, d'une trentaine d'années d'hégémonie syrienne.

Les tentatives de règlement de cette question ont échoué, qui, jusqu'en juin 2006, visaient, par le dialogue, à l'absorption de l'aile militaire du Hezbollah au sein d'une "défense nationale".

La guerre qui, en juillet de la même année, a opposé le Parti de Dieu à l'armée israélienne a reposé le problème. La majorité a contesté le pouvoir que le Hezbollah s'était arrogé de déclarer la guerre et la paix, alors que le pays tout entier en payait les conséquences. Le Parti de Dieu a réaffirmé sa conviction, au contraire, qu'il demeurait l'unique rempart du Liban contre toute attaque israélienne.

Après cette guerre, plusieurs personnalités de la majorité n'ont pas manqué de rappeler "l'anomalie" de "l'existence d'un Etat dans l'Etat", sans toutefois préconiser de mesures coercitives contre le Parti de Dieu. Le déclenchement, en novembre 2006, de la crise politique actuelle avec la démission de six ministres, dont les cinq représentants de la communauté chiite, a creusé le fossé entre les deux parties.

Régulièrement accusé d'être l'instrument des projets régionaux de la République islamique d'Iran et accessoirement de la Syrie, le Hezbollah n'a cessé de renvoyer la politesse à ses détracteurs en les qualifiant d'agent des visées régionales des Etats-Unis et d'Israël.

Les deux parties ont épuisé tous leurs arguments sans avancer d'un pouce. Même lorsqu'elle n'était pas évoquée, la question de l'armement du Hezbollah est apparue en filigrane de toutes les autres querelles, qu'il s'agisse du tribunal chargé de juger les présumés coupables de l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, de leurs différends sur la légitimité du gouvernement, de la paralysie du Parlement ou encore de la loi électorale et de l'élection d'un président de la République. Toutes ces divergences pourraient être aplanies, mais sur la question de l'armement du Hezbollah, le blocage est total.

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