10.5.08

Les chrétiens sont restés à l'écart de la confrontation

Le Figaro, Beyrouth, Sibylle Risk
09/05/2008 | Mise à jour : 21:06 |

Tout en s'inquiétant de l'escalade de la violence, les chrétiens éprouvent un sentiment de sécurité relative dans la partie est de Beyrouth épargnée par la guerre des rues.

La présentatrice du journal télévisé de l'une des principales chaînes libanaises s'excuse par avance quand elle demande à sa correspondante l'état des lieux à Beyrouth-Est et à Beyrouth-Ouest. «Nous revenons au vocabulaire de la guerre que l'on croyait oublié, mais la situation est ainsi.» Tandis que la partie majoritairement musulmane de la ville vit l'enfer de la guerre des rues, les quartiers chrétiens sont paisibles. Les habitants des zones limitrophes des anciennes lignes de démarcation entendent tout au plus des détonations au loin.

Certains d'entre eux ont choisi par précaution de gagner la montagne ou d'autres villes du littoral, mais la plupart s'estiment «à l'abri chez eux, Dieu merci». Plusieurs commerces ont ouvert leurs portes, même si les écoles ou les banques sont fermées.

Dividendes politiques

Cette fois encore, les populations chrétiennes sont pourtant divisées entre partisans du gouvernement et opposants. Les premiers se réunissent autour des Forces libanaises de Samir Geagea, des Kataëb de l'ancien président Amine Gemayel, et de diverses personnalités politiques émanant de Kornet Chehwan, un rassemblement qui avait été l'un des leviers de la lutte contre la tutelle syrienne avant 2005. Les seconds se retrouvent essentiellement autour du Courant patriotique libre de Michel Aoun.

Il est apparu clairement, dès mercredi, que les partis chrétiens de l'opposition ne participeraient pas à l'épreuve de force engagée contre le gouvernement par leurs alliés du Hezbollah et d'Amal, même s'ils avaient lancé préalablement des appels à la grève générale décrétée ce jour-là. «Aucun des deux camps n'a souhaité l'affrontement. Des contacts entre les responsables des différents partis ont eu lieu au niveau local pour calmer le jeu d'emblée dans les différentes régions à majorité chrétienne», explique Toufic Hindi, ancien conseiller politique de Geagea.

À la lumière de l'expérience de la précédente grève générale qui avait déjà dégénéré en bataille, le Hezbollah a probablement aussi estimé que ses alliés aounistes n'étaient pas suffisamment solides pour la confrontation armée qu'il a choisie cette fois.

Quoi qu'il en soit, Michel Aoun dont la popularité est tombée au plus bas au sein de sa communauté espère encaisser les dividendes politiques de la victoire militaire de ses alliés à Beyrouth. Ses adversaires de la majorité parlementaire continuent d'affirmer quant à eux qu'ils ne céderont pas à la «logique putschiste» et refusent jusqu'à présent les conditions politiques posées par l'opposition.

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